Nous sommes passés dans l’ère du tout virtuel, et ne vous en déplaise, je reste très sceptique! Ainsi donc, vautré sur son canapé, on peut voyager virtuel, visiter virtuel, mais aussi manger ou boire virtuel; pour cela, il suffit de surfer sur internet et tout vous est proposé en mode virtuel.
Aussi, lorsqu’un ami me dit qu’il a visité un château du bordelais sur internet et que cela lui a donné envie d’acheter son vin, je suis mitigé. Certes, de nombreux châteaux proposent, sur leur site, des visites virtuelles de leurs chais et on ne devine aisément l’intérêt promotionnel de ces films, qui vous donnent envie d’en savoir plus. Néanmoins, prenons garde à ce que l’effet ne soit pas inverse et que ces quelques images suffisent à la satisfaction de l’internaute, toujours avide d’aller au plus vite.
Or, la relation qui se tisse entre un vigneron et un visiteur est avant tout humaine et ce type de visite virtuelle en est totalement dénué, même avec une décoration bleu azur. Loin de moi l’idée d’aller contre le progrès, mais le monde du vin doit rester attaché à cette notion de terroir, d’humain et de rencontres.
Tout comme j’aime rencontrer sur les marchés les maraichers et autres fromagers ou volaillers qui vous parlent avec amour de leurs produits, je ne peux concevoir que demain les cavistes et les propriétés viticoles, tout comme les libraires aujourd’hui, ferment leurs portes du fait d’internet.
Fort heureusement, la raison et la recherche perpétuelle d’un certain art de vivre nous protègent de ces dérives. En effet, jamais l’Oenotourisme ne s’est aussi bien porté et Internet reste avant tout un formidable faire-savoir de notre patrimoine viticole; il n’en demeure pas moins qu’il convient de rester attentif à ne pas nous avachir derrière notre écran.
A la souris des écrans, préférons la souris des champs! Au dialogue virtuel, préférons le dialogue de visu… et bien entendu autour d’un bon verre de vin!