On a abondamment disserté sur la Loi Evin et ses conséquences sur le monde du vin.
Au risque de me mettre à dos certaines associations antialcooliques, je tenais à revenir sur une décision peu commentée, mais qui frôle l’absurdité, non pas sur le plan juridique, mais sur le fond.
En effet, la Cour de Cassation, par son arrêt du 23 février 2012, a donné raison à l’Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie (ANPAA), qui poursuivait le CIVB (Conseil interprofessionnel du Vin de Bordeaux) pour sa campagne publicitaire de 2005.
La loi Evin est-elle toujours d’actualité?
De quoi s’agissait-il exactement? Tout simplement de l’affiche ci-dessus, conçue par Jean Marie Perrier, qui mettait donc en scène un homme et une femme, plutôt jeunes et sympathiques, avec un verre de vin à la main. Quant au slogan, il était sobre : « Les Bordeaux, des personnalités à découvrir », avec en corollaire : « Buvez moins, buvez meilleur ».
La Cour de Cassation a estimé que « les dites affiches … visaient à promouvoir une image de convivialité associée aux vins de Bordeaux de nature à inciter le consommateur à absorber les produits vantés ».
On peut donc se demander si la publicité à un avenir dans le secteur du vin, puisque par définition son but est d’inciter le consommateur à absorber le produit vanté. Il est donc reproché à cette campagne de dégager de la convivialité. En affichant deux jeunes et belles personnes, souriantes de surcroît; faut-il en déduire que la décision aurait été contraire si le CIVB avait mis en scène deux êtres moribonds au faciès repoussant? Nul ne le sait…
De même, et sans le savoir, on peut penser que certaines campagnes, dont le but était identique, auraient échappé aux fourches caudines de la Cour de Cassation, grâce à l’humour et à la dérision. Pour ne citer que les deux plus connus, je vous encourage à regarder la vidéo du Château La Levrette et la non moins drôle d’usb-wine. Vous conviendrez que la convivialité n’est pas de mise dans la première vidéo et que dans la seconde, l’absurdité ne peut être assimilée à de l’incitation.
Enfin, force est de constater qu’en mettant en valeur la propriété plutôt que le produit, les châteaux devraient aussi s’exonérer de ces contraintes légales. Certains ont d’ailleurs entamé cette démarche en privilégiant la mise en valeur du château et à travers lui ses vins, et non l’inverse.