Alors que l’information du mois sans alcool n’est pas officielle, celle-ci
entraîne déjà de nombreuses réactions. Les professionnels du vin
critiquent l’initiative organisée par la Santé Publique. Alors que les
associations de préventions sont largement favorables à celle-ci.
Une campagne dérivée de l’Angleterre
L’initiative du mois sans alcool est simple, elle est d’ailleurs similaire à celle du mois sans tabac ; le but est de stopper toute consommation d’alcool pendant 31 jours. Ce concept a été mis en place en Angleterre par l’association Alcohol Concern. Intitulé le « Dry January » (Janvier sec). il est volontairement programmé pour le premier mois de l’année afin de compenser les excès commis durant les fêtes. D’après une étude de l’université de Sussex, les bénéfices sur la santé sont bien réels : 80% des participants se sentent plus en contrôle de leur consommation d’alcool, 71% ont vu la qualité de leur sommeil s’améliorer, 58% avaient perdu du poids; 67% avaient gagné en énergie et 57% en concentration. Et malgré le fait que cette campagne existe déjà dans différents Etats depuis quelques années; ce n’est que depuis fin 2019 que celle-ci prend une place grandissante au sein des préoccupations de la population française.
Un concept soutenu par des associations de prévention
Ce mois de sobriété après les excès des fêtes est perçu comme une « bonne résolution »; encouragée par des acteurs publiques et associations luttant contre les méfaits de l’alcool. En effet, plus de 10,6 millions de français dépassent le seuil de consommation recommandé. L’alcool est aussi responsable de 30% des accidents mortels; ce qui explique en partie le soutien des associations et de la Santé Publique à ce type d’initiative.
L’aspect ludique et communautaire incite les personnes à y participer : les réseaux sociaux permettent de créer des liens entre des groupes de gens qui s’entraident. Cela facilite l’atteinte de l’objectif qui pourrait s’avérer bien plus difficile en étant seul. L’ANPAA (Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie; rappelle que le mois sans alcool “propose aux personnes qui le souhaitent de faire une pause avec l’alcool pendant un mois afin de constater les bénéfices sur leur corps et dans leur quotidien. » Evidemment; tout le monde ne va pas arrêter de boire, mais l’idée est avant tout de permettre aux Français et en particulier aux jeunes de réfléchir à leur rapport avec l’alcool en prenant du recul après une période de fête bien arrosée.
Une initiative critiquée par les professionnels du vin
Bien que cette opération soulève l’engouement des associations de prévention; elle se heurte à l’industrie de l’alcool et en particulier du vin. La filière viticole recommande une consommation responsable et raisonnable cependant avec cette campagne; la Santé Publique encourage à ne plus consommer aucune goutte d’alcool; même s’il s’agit d’une courte période. Cela aurait donc de lourdes conséquences sur tous les alcooliers, c’est pourquoi L’ANEV ( Association Nationale des Elus de la Vigne et du Vin) demande à ce que le gouvernement renonce à cette initiative.
Elle a d’ailleurs publié un communiqué sur twitter en insistant notamment sur le fait que les temps sont durs pour les vignerons et qu’ils font déjà face à de grosses difficultés commerciales. Le Comité interprofessionnel du Vin de Bordeaux s’est lui aussi exprimé à ce sujet et trouve qu’il s’agit d’un concept extrémiste « Ce qui est mauvais, ce sont les abus, les jeunes qui sifflent des bouteilles les vendredis et samedis soirs.
Mais faut-il prôner l’abstinence ? Nous pensons que non », dénonce Christophe Château, porte-parole du comité. Les professionnels du vins sont donc sous tension face à l’éventualité d’un mois sans alcool car même si le but de la campagne n’est pas l’abstinence totale, c’est toute la filière viticole, et plus globalement vins et spiritueux, qui est remise en question. Cette initiative engagée par la Santé Publique, malgré tous les bénéfices personnels que la population française pourra en tirer, aura forcément des conséquences négatives pour les viticulteurs. Peut être serait il alors judicieux d’inviter les amateurs de vins à visiter les différents vignobles de France en compensation de leur consommation… Oenotourisme oblige !