Lors de ma dernière visite au château Troplong-Mondot, Myriam Ruer m’a fait découvrir cette propriété, et notamment l’antre dans laquelle sont conservées les très anciennes bouteilles. Passionnée et très férue d’oenologie, ce fût un réel plaisir de disserter avec elle, notamment sur un sujet rarement évoqué, mais qui suscite bien des interrogations : la bouteille, ou plutôt l’influence des formats sur le vin, leurs origines, leurs devenir…

Tout d’abord, sur le choix du format, il convient de retenir une règle simple : « plus la bouteille est grande, plus le vieillissement est lent ! »; Or, plus un vieilissement est lent meilleur est le vin. Dés lors, on pourrait en déduire que pour qui sait attendre, mieux vaut avoir des vins conditionnés dans des grands formats. Bien entendu, tout n’est pas si simple et bien d’autres paramètres rentrent en compte (le vin, le bouchon, la conservation…). Néanmoins, rares sont les consommateurs qui choisissent tel ou tel contenant pour des raisons œnologiques. En effet, le choix est avant tout déterminé par des critères pratiques (bouteilles de 50 cl dans la restauration…) ou de convivialité (Magnum…), l’apparition des Bag in Box ou autres canettes en étant la parfaite illustration. Cela étant, la bouteille de verre, avec son format cylindrique, n’est pas trés ancienne puisqu’elle n’ est réellement apparue qu’au 18ème siècle, afin de faciliter le stockage et la conservation (en raison d’un meilleur contact vin-bouchon).

Si l’on ne s’en tient donc qu’aux bouteilles, bien entendu, la palme revient à la bouteille de 75 cl, ce qui m’amène à vous poser une question : pourquoi 75 cl, et non pas un litre comme la plupart des breuvages ? Il s’agit tout simplement d’un héritage de nos amis anglais. En effet, grands amateurs de vin français, il leur fallait trouver une solution adaptée à l’acheminement de ces précieux vins. Les carafes, qu’ils utilisaient pour le transport, étaient fragiles, instables (en raison de leur fond plat), et de plus, peu hermétiques. C’est pourquoi ils décidèrent de leur substituer des bouteilles, avec un culot creux pour la stabilité. Or, la mesure anglaise de l’époque étant le gallon, c’est celle-ci qui fût donc appliquée à nos contenants bordelais. Ainsi donc, la barrique bordelaise correspond à 50 gallons, soit 225 litres, soit 300 bouteilles de 0.75 litres; de même, 2 gallons correspondent à 9 litres, soit une caisse de 12 bouteilles de 0.75 litres ….what else ! A noter que l’influence anglaise n’a pas gagné l’ensemble du territoire puisque les bouteilles des vins du Rhin contiennent 0.70 litres et celles des vins d’Arbois ou du Jura, 0.62 litres.

Enfin, pour compléter ces histoires de formats de bouteilles, rappelons qu’il existe quelques différences de dénomination, selon les régions, et notamment en Bourgogne et en Champagne. Aussi, j’ai cru amusant de rappeler ci-dessous les noms de ces différents formats, dont l’origine remonte à la nuit des temps, sans trouver une explication précise; ces noms ont été empruntés à de grands personnages de l’histoire biblique, tel Jéroboam (premier roi de la partie Nord d’Israël), Mathusalem (personne la plus âgée mentionnée dans l’Ancien Testament), Nabuchodonosor (le plus grand roi de Babylone) ou encore les 3 rois mages.

Si l’on trouve dans les caves des différents châteaux bordelais ces superbes flacons, rares sont néanmoins les Melchior ! Enfin, pour la petite histoire, la plus grande bouteille de vin au monde est allemande et le record date de 2007, elle contient du vin blanc doux autrichien millésime 2005 et a des mensurations de rêve (pour Gulliver) : avec ses 2,40 mètres de haut, cette bouteille ne contient pas moins de 480 litres.

N’hésitez pas à tester vos connaissances, avec le tableau ci-dessous :