Le concours des vins d’Aquitaine vient de s’achever avec la publication de son palmarès, lequel me laisse perplexe. En effet, avec ses 1216 médaillés, on reste dubitatif sur la notion même de concours, puisqu’un tiers des échantillons se trouve ainsi distingué. Peut-on réellement parler de concours ?
On comprend aisément l’intérêt commercial de pouvoir apposer sur des bouteilles un macaron sur lequel figure la mention « médaillé d’or au concours des vins d’Aquitaine ». L’acheteur, en effet, est très friand de ces mentions, persuadé qu’il achète un vin meilleur que les autres…puisqu’il a gagné un concours. En réalité, il n’en est rien si l’on se fie à la réalité des chiffres.
Ainsi donc, à Bordeaux, 4215 vins issus de 97 appellations ont été dégustés. Or, 30% ont été distingués avec un pic à 62 % dans la catégorie liquoreux, puisque sur les 77 vins présentés, 48 ressortent médaillés. Avec un podium si garni, peut-on donc réellement parlé de concours ?
Toute l’ambiguïté repose sur le fait que dans notre langage courant, le mot concours implique une compétition avec une poignée de vainqueurs et une forme de hiérarchie ; les médailles sont alors l’apanage des plus méritants. Or, une compétition avec plus d’un tiers des participants qui montent sur le podium, s’apparente plus à une labélisation qu’à un concours. Tout comme certains considèrent que le Bac avec ses 80% de réussite, a perdu tout son crédit, on peut se poser la même question pour ces concours qui se multiplient en France.
Est-ce pour autant que les médaillés n’ont pas de mérite ? Certainement pas mais ce n’est qu’une distinction qu’il convient de relativiser.
Par rapport au consommateur, force est d’admettre que l’on surfe sur cette ambigüité. Ce dernier justifiera son achat parce que tel vin a gagné tel ou tel concours, sans soupçonner une seconde qu’ils sont plusieurs centaines à être sur cette première marche du podium…Certes, le vin a reçu une distinction, mais elle perd de sa valeur du fait même de la multiplication de ces distinctions qui prolifèrent d’années en années.
Aujourd’hui, un propriétaire, en présentant ses échantillons à plusieurs concours, est en mesure de récupérer sans trop de mal ce fameux macaron qui lui permettra d’augmenter ses ventes. Bien entendu, certains concours sont mieux « côtés » que d’autres, mais encore faut-il savoir lesquels et ce n’est pas le néophyte qui aura la réponse.
Si l’on considère que ces lauréats viennent s’ajouter aux crus classés et à ceux reconnus comme tels, on pourrait presque en déduire que celui qui n’a aucun de ces « labels » ne présente guère d’intérêt. Fort heureusement, il n’en est rien et nombreux encore sont les vins sans distinction particulière, qui méritent notre attention.
Tout comme je plaide pour une simplification des classements à Bordeaux, je préfèrerai des concours avec un nombre bien plus limité de médaillés, afin que ces manifestations ne soient pas qu’une simple histoire de marketing.