Sur les routes du Médoc, en plein cœur du vignoble, on peut y faire des rencontres improbables
Il est de ces rencontres impromptues qui restent gravées dans la mémoire. Ainsi, pas plus tard qu’hier, revenant d’une visite au château Issan , je sillonnais la fameuse route du Médoc, quand soudain, non loin de Margaux, mon attention fut attiré par un homme qui gesticulait au bord de la route, me faisant signer de m’arrêter. Etait-ce un policier en civil, un auto-stoppeur ou un braqueur en fuite ? Je dois avouer ne pas m’être posé la question et bien m’en a pris. Il ne s’agissait que d’une personne en panne, me demandant de la ramener à Bordeaux.
Histoire banale me direz-vous, mais son originalité tient avant tout à la personne qui avait pris place à mes côtés. En effet, au cours de la conversation, ce denier me donna son nom : Hervé Pasteur. Nom Propre et commun à la fois certes. Mais à ce a près qu’il s’agissait du descendant direct de Louis Pasteur, mort à la fin du siècle dernier.
Pasteur, un œnologue émétrite
Force est d’avouer que n’étant pas scientifique de formation, je ne connaissais guère de choses sur les travaux de Louis. Si ce n’est qu’il avait découvert le vaccin contre la rage et qu’il n’était peut-être pas étranger à la pasteurisation. Aussi, avec une honteuse humilité eu égard à mon faible savoir en la matière, je me décidais à questionner mon passager sur les travaux de son aïeul. Ce dernier, peu affable mais se sentant redevable, m’expliqua qu’il était lui-même scientifique. Il reprenait actuellement ses travaux sur le vin, effectués il y a plus de 100 ans par son aïeul.
C’est ainsi que je concède avoir appris que Pasteur avait travaillé une bonne partie de sa vie sur le vin. Il s’était rendu célèbre par ses études sur les maladies du vin. Elles lui valurent même le Mérite Agricole, mais aussi le Grand Prix de l’Exposition universelle (1867). C’est d’ailleurs Napoléon III lui-même qui avait demandé à Pasteur de trouver un remède contre ces maladies qui nuisaient au commerce du vin; ce dernier proposa alors de chauffer le vin à 57°C, afin de tuer les germes et résoudre ainsi les problèmes de conservation. In fine, ce qu’on appela la pasteurisation n’eut guère un grand succès pour le vin, mais fût reprise en revanche pour le lait, avec le développement que l’on connait.
Outre la pasteurisation, ses travaux permirent surtout d’établir les liens entre l’oxygène et les levures, de même que ses conséquences sur la fermentation alcoolique. A ce titre, Pasteur restera pour beaucoup « le père de l’œnologie moderne »
Cette conversation forte instructive dût malheureusement s’achever rapidement, puisque nous étions arrivés à Bordeaux. Hervé me promit néanmoins de la reprendre, lors de son prochain passage dans la région. Nul doute que je me rendrai disponible pour aller visiter avec lui quelques propriétés, et partager ainsi un moment de convivialité et de savoir.